Les Systèmes d’Échange Locaux (SEL) et la permaculture

Les SEL, ou comment réinvestir du lien social au coeur de nos échanges commerciaux

Au sein d’une société toujours plus mondialisée et standardisée, certains ont choisi de remettre le lien social au cœur de leurs échanges marchands. Ils ont alors créé les SEL ou Systèmes d’Échange Locaux.

On peut définir les SEL comme des micro-systèmes économiques évoluant à l’intérieur du système économique de la société. À l’intérieur de ceux-ci, on cherche à rendre les transactions marchandes plus justes et plus équitables. Ils sont formés d’une communauté qui s’échange des services et des biens à l’aide d’une monnaie locale ou d’une monnaie-temps.

Une monnaie-temps est une monnaie qui ne se base non pas sur la valeur du service ou du bien mais sur le temps nécessaire à la fabrication du bien ou à la réalisation du service. Les utilisateurs de monnaie-temps estiment que chaque heure de la vie d’un homme vaut celle d’un autre, et qu’on ne peut juger de la valeur d’un objet ou d’un service qu’à travers cet indicateur. On peut y voir la version philosophique du film Time Out d’Andrew Niccol.

Un peu d’Histoire

Historiquement, on fait remonter le premier SEL de France au mois d’octobre 1994 avec la création d’un SEL en Ariège suite à la conférence du membre d’un SEL britannique. Dans les pays anglosaxons, les SEL ou LETS (Local Exchange Trading Systems) existent depuis la fin des années 70 au Canada et depuis les années 80 aux États-Unis, en Angleterre ou encore en Australie. Mais si on cherche vraiment à remonter à l’origine des SEL, il faut mentionner l’expérience de Wörgl.

Elle est détaillée dans l’article sur les monnaies locales. Cependant pour résumer rapidement, il s’agit d’une expérience de mise en service d’une monnaie locale dans la petite ville de Wörgl en Autriche pendant la crise des années 30. Le maire de l’époque avait décidé de créer une monnaie locale afin d’accélérer les échanges au sein de la ville et de diminuer le chômage. 

Aujourd’hui, il existe plus de 800 SEL en France. Bien que tous soient différents, ils s’accordent sur certaines valeurs en signant la charte des SEL. Elle permet de donner un cadre moral et juridique à l’existence de ces systèmes et facilite la création et la définition des SEL.

Caractériser un SEL

À la base des SEL, on retrouve la volonté de recréer du lien social entre les acheteurs et les vendeurs. Pour cela, ils s’inscrivent dans un contexte local bien défini, souvent au sein de villes ou de communautés de communes afin de maintenir un nombre relativement faible de membres (quelques centaines de personnes tout au plus).

Ce lien social doit permettre de faire se rencontrer des personnes de tous horizons et de tous milieux afin que de nouvelles idées émergent. C’est sur cette base commune que chaque SEL se construit indépendamment des autres.

Certains sont des lieux de débats qui permettent à de nouvelles initiatives d’émerger, tandis que d’autres proscrivent toutes idées politiques afin de maintenir la cohésion au sein de la communauté. Dans certains cas, les SEL permettent également à des personnes sans emploi ou isolées de retrouver du lien social et de se réinsérer dans la société. Au sein de la communauté, elles se sentent utiles et valorisées et c’est parfois suffisant pour prendre un nouveau départ.

Puisque ce sont des laboratoires sociaux, il existe autant de manières de concevoir un SEL que de SEL. C’est pourquoi ils sont devenus des sujets d’étude idéaux pour les sociologues : ils peuvent réaliser les expériences qu’ils veulent facilement et les membres des SEL sont généralement très ouverts à de nouvelles manières de concevoir la société économique. Il n’y a qu’à voir : entre la monnaie fondante et la monnaie-temps, il existe tout un patchwork de manières de monnayer les échanges. Certains essaient même de ne pas monnayer les échanges en se basant uniquement sur la bonne volonté de la communauté !

Critiques

La principale critique qui est faite à ces systèmes est d’ordre légale : il est facile de faire de l’évasion fiscale et du travail dissimulé lorsqu’il n’y a aucune facture et que la monnaie utilisée pour l’échange n’est pas celle de l’État. Pour pallier à ça, certains SEL recommandent à leurs adhérents de ne pas utiliser leur profession au sein du SEL (un garagiste ne peut pas réparer la voiture d’un membre). Cependant, pour d’autres, l’intérêt du SEL est de mettre en commun les compétences des membres et ce serait dommage de se priver des compétences que l’on développe à travers son travail. Le sujet est toujours en débat, et c’est aussi cet aspect qui caractérise les SEL.

Pour conclure

Finalement, pour bien définir un SEL, il suffit d’imaginer un système économique utopique où les échanges se font sans accrocs et sans-arrières pensées : comme toute utopie, elle ne sera jamais atteinte mais un SEL cherchera toujours à évoluer vers ce que ses fondateurs et membres estiment être le système économique idéal.


Pour avoir plus d’informations sur les SEL de France :

Pour aller plus loin dans la caractérisation d’un SEL et dans les critiques qui leur sont faites, c’est par ici :

Laacher, S. (2002). Les systèmes d’échange local (SEL) : entre utopie politique et réalisme économique. Mouvements, 1(1), 81-87. https://doi.org/10.3917/mouv.019.0081

Richard Lauraire, « Les systèmes d’échanges locaux et la valeur », Journal des anthropologues [En ligne], 90-91 | 2002, mis en ligne le 03 novembre 2010, consulté le 17 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/jda/2263

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