La culture sur butte

Intérêts, avantages et inconvénients : penser la culture sur butte sans être buté !

La butte de culture fait partie des techniques de permaculture les plus connues. Nous pouvons même dire que c’est une égérie de la permaculture appliquée au jardin. Pourtant, cette technique n’est pas née dans le milieu de la permaculture. Elle y a été intégrée en France dans les années 80 par les premiers permaculteurs du pays, notamment Emilia Hazelip. De plus, la pertinence et l’efficacité d’une butte dépendent fortement du contexte dans lequel elle est utilisée. Tous les jardins ne sont pas adaptés à la mise en place d’une culture sur butte !

Qu’appelle-t-on culture sur butte ?

Les buttes sont des supports de culture surélevés qui sont clairement définis sur un espace donné. Ils permettent d’accueillir une production potagère, aromatique ou florale. Afin de protéger le sol, de réduire l’évaporation de l’eau du sol et de limiter les travaux à réaliser pendant la saison de production, les buttes sont souvent recouvertes d’un paillage ou d’un mulch

Lorsqu’on parle de culture sur butte, on range deux types de buttes très différentes dans le même panier. D’un côté les buttes auto-fertiles, et de l’autre les buttes de terre. 

Les buttes auto-fertiles

Les buttes auto-fertiles sont formées d’un empilement de différentes couches de matériaux compostables. Ces derniers vont progressivement être décomposés par la micro-faune et les mycorhizes, pour libérer les nutriments nécessaires à la croissance des plantes cultivées en surface. L’objectif est de recréer un sol fonctionnel idéal, adapté aux cultures que le jardinier souhaite mettre en place. En fait, c’est une forme de culture hors-sol. Cela suppose évidemment de solides connaissances sur les mécanismes des sols qui ne sont pas toujours évidentes à appliquer concrètement. 

Les buttes de terre

Les buttes de terre, quant à elles, sont plus faciles à mettre en place puisqu’il s’agit principalement de former un monticule avec de la terre de jardin et du compost. Tu peux récupérer la terre en creusant les chemins te permettant l’accès aux différentes plates-bandes de ton jardin. Tu peux également ajouter régulièrement des déchets verts en surface dans une démarche de réduction des déchets et afin d’apporter davantage de nutriments au sol. C’est une forme de compostage de surface.

Ces deux types de buttes sont très différents dans leur conception et leur réalisation. Pourtant, leur apparence similaire et leur utilisation souvent identique entretiennent la confusion bien que leurs bénéfices et leurs inconvénients soient assez différents.

Pourquoi cultiver sur une butte ?

Les avantages de la culture sur butte en permaculture

Les buttes ont plusieurs avantages indéniables :

  • Un faible besoin d’entretien pendant la saison de production. La micro-faune travaille le sol à ta place, rendant ainsi le sol riche, meuble et aéré sans effort. Cette aération permet de drainer le sol plus efficacement ; et de limiter la rétention d’eau et les maladies associées. 
  • Un réchauffement du sol au printemps plus rapide. C’est l’inclinaison des pentes qui y participe, en captant mieux les rayons du soleil. Cela permet de semer/planter plus tôt dans la saison.
  • Une augmentation de la surface cultivable grâce, là encore, à l’inclinaison des pentes. La butte, par son côté bombé, crée différentes zones de richesse en nutriments et d’accès à l’eau. Car la décomposition sera moins importante, et l’eau pénétrera moins la butte sur les bords qu’en son centre. Il est possible de profiter de ces phénomènes en associant ses plantes correctement et en plaçant les plantes exigeantes sur le dessus de la butte. En effet, les nutriments sont concentrés à cet endroit et l’épaisseur est maximale.
  • Une diminution de la pénibilité du travail en permettant au jardinier d’éviter d’avoir à trop se baisser, et donc de se faire mal au dos ou aux genoux.

Les aspects à prendre en compte

Selon l’environnement, cultiver sur une butte peut être inutile voire contre-productif. En effet, concevoir une butte prend beaucoup de temps et d’énergie. Dans le cas des buttes auto-fertiles, cela prend beaucoup de ressources en termes de matière compostable. De plus, si les buttes se réchauffent plus vite, sont bien drainées et sont placées dans un lieu soumis à des vents réguliers, le paillage peut ne pas suffire à limiter la transpiration du sol. Ainsi, cultiver sur la butte assècherait vos cultures plus rapidement que cultiver sur du plat. 

Comme toujours, il est primordial de bien observer son terrain (principe de conception n°1 : Observer et interagir) et de définir les objectifs des éléments que l’on souhaite intégrer. Faire une culture sur butte auto-fertile, sur un terrain déjà riche et soumis aux vents, n’apporte rien. Au contraire, si le terrain contient de nombreux cailloux et que le vent souffle rarement, il peut être pertinent de faire l’effort de cultiver sur une butte afin de faire pousser des légumes dans des conditions optimales.

Comment choisir et adapter sa butte ?

Choisir sa butte de culture

Après avoir déterminé la pertinence de faire une butte et avoir choisi son emplacement, il est temps de concevoir la butte la plus adaptée. La première chose à faire est de connaître la qualité de ton sol. S’il est riche, une butte en terre suffira amplement. Tandis que s’il est pauvre ou caillouteux, tu peux opter pour la butte auto-fertile plutôt. 

Il faut également réfléchir à la durée pendant laquelle la butte doit rester fertile. Il existe des buttes destinées à durer 10 à 15 ans comme la butte Hügelkultur. Alors que d’autres, comme la butte sur botte de paille, ne sont pensées que pour une seule saison. Evidemment, la quantité de travail et les ressources nécessaires pour une butte permanente et une butte temporaire ne sont pas les mêmes.

Choisir entre butte auto-fertile et butte de terre

Une fois ces deux critères choisis, la conception de la butte peut commencer en jouant sur 2 critères principaux : 

  • La forme de la butte, notamment sa hauteur et sa largeur ;
  • La composition de la butte.

En général, les buttes mesurent entre 30 et 60 cm. La hauteur dépend bien-sûr des plantes que tu souhaites voir pousser. Plus les racines sont profondes, plus la butte doit être haute. Mais elle dépend aussi du jardinier ! Si celui-ci est grand et veut éviter de se faire mal au dos, il a tout intérêt à concevoir une butte lui arrivant au niveau des hanches ! Garde néanmoins en tête que plus la butte sera haute, plus elle nécessitera de travail et de matière dans sa réalisation.

Avoir une butte large de 70 cm à 1 m 50 permet de cultiver sans avoir à marcher sur la butte, et donc sans tasser de zone de culture. Cela participe à garder la terre meuble. Au niveau de la forme générale de la butte vu de dessus, c’est le rectangle qui est généralement privilégié pour son gain d’espace. Cependant, rien n’empêche d’imaginer des formes plus originales en laissant parler ta créativité.

Nous l’avons vu, les buttes de terre et celles auto-fertiles diffèrent principalement dans leur composition. Les buttes de terre sont composées de terre de jardin et de compost. Alors que les buttes auto-fertiles peuvent contenir tout un tas de matières organiques diverses. Par exemple, ce seront du bois vert, de la paille, des feuilles mortes, du carton, de la tonte…

La conception des buttes auto-fertiles n’est pas évidente et il existe aujourd’hui de nombreux débats sur l’enfouissement de matière organique dans le sol. Pour cause, les processus de décomposition de la matière organique nécessitent un apport en oxygène conséquent. Or, celui-ci n’est pas nécessairement disponible sur le long terme à 30 cm sous terre. 

L’acidification du sol en permaculture

En théorie, le sol a tendance à s’acidifier et à perdre de l’azote lorsqu’il ne contient pas assez d’oxygène. Une partie de l’azote est consommée par les décomposeurs évoluant sans oxygène, ce qui peut avoir l’effet inverse à celui souhaité : appauvrir le sol. De manière générale, cette acidification n’a lieu qu’après quelques années et donc pas avec les buttes temporaires d’un ou deux ans. En effet, le processus de construction d’une butte incorpore beaucoup d’oxygène dans le sol. 

En fonction des travaux effectués chaque année sur la butte et des éventuelles aérations installées pendant la mise en place, il est possible d’apporter de l’oxygène régulièrement et en quantité suffisante. Cependant, l’enfouissement de la matière organique à décomposition lente fait toujours polémique au sein de la communauté des permaculteurs. C’est notamment le cas des troncs d’arbre. Pour cause, il ne s’agit pas d’un phénomène que l’on retrouve dans la nature ! Cela va donc à l’encontre des connaissances acquises par nos aïeux (et la science), qui préféraient par exemple faire du compost de surface.

Bilan

Si la butte de culture est une égérie de la permaculture, elle n’est pas pertinente dans tous les jardins. En prime, elle peut être très complexe à mettre en place. Les buttes ne sont pas des fondamentaux de la permaculture. Il s’agit seulement d’une technique particulière, à adapter à son propre contexte. Il en existe plusieurs types, plus ou moins faciles à mettre en place. Si tu souhaites en apprendre plus sur les plus utilisées, n’hésite pas à faire tour ici : c’est un dossier de Permaculture Design présentant 12 buttes de culture.


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